Se libérer par la mobilité, se libérer de la mobilité ?

Contribution à un congrès
20 octobre, 2016

Swiss Mobility Conference, Lausanne, 2016.

Depuis plusieurs siècles, les sociétés occidentales assimilent mobilité et liberté . Cette vision est typique d’un système de représentations sociales fondée sur un ancrage spatial conçu comme premier et obligatoire, d’une part, et sur une mobilité vue comme seconde et conditionelle, d’autre part. Ce type de construction focalise l’attention sur les contraintes d’immobilisation, l’immobilité apparaissant essentiellement comme une mobilité contrariée. La question que nous nous poserons sera celle de la nécessité de dépasser cette identification de la liberté à la mobilité, tout particulièrement alors que la mobilité est considérée comme première et l’immobilité comme seconde. Nous nous garderons cependant de proposer une simple inversion des valeurs et proposerons au contraire de construire une vision plus complexe des rapports entre mobilité et liberté. En premier lieu, nous insisterons sur la nécessité de distinguer légitimations et pratiques et de se garder de prendre les premières pour un fidèle reflet des secondes. Cette réflexion sera mise en perspective avec la question de l’établissement de relations de pouvoir et d’autorité. En deuxième lieu, nous proposerons de structurer les rapports à la mobilité autour de deux systèmes idéologiques : l’idéologie de l’ancrage et l’idéologie mobilitaire, chacun s’articulant autour d’une construction sociale propre de l’espace-temps et de la mobilité. Nous indiqueront sous quelle forme chacun d’eux considère les relations entre mobilité et liberté, notamment en fonction de ce qui est socialement construit comme (im)mobile . Nous développerons également l’idée que les espaces qui peuvent être examinés au travers de ce prisme sont non seulement physiques, mais aussi non physiques. En troisième lieu, nous exposerons en quoi la relation entre (im)mobilité et liberté doit être comprise au travers du prisme, non des idéologies prises comme systèmes performatifs, mais de ces mêmes idéologies conçues en tant que ressources discursives. En quatrième lieu, nous présenterons la manière dont l’idéologie mobilitaire peut être utilisée afin de contraindre à la mobilité au travers, d’une part, des impératifs qu’elle fonde et, d’autre part, de mécanismes de construction d’une lecture collective des situations particulières de mobilité. Ce faisant, nous opérerons une relation entre discours et pratiques tenant compte de l’irréductible écart qui les sépare. Enfin, nous proposerons une nouvelle formulation de l’agencement des notions de liberté et de mobilité. L’ensemble de l’intervention s’appuiera sur des données empiriques relatives à la relation entre mobilité et liberté dans le contexte de l’exécution des peines privatives de liberté au travers de dispositifs de télédétection (bracelet électronique).

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